Quels effets de la crise sanitaire sur la mobilité en Europe ?
Mobil’homme publie un deuxième rapport présentant les résultats de son enquête sur les effets de la crise sanitaire sur la mobilité.
En voici quelques enseignements importants. A lire de manière détaillée dans le rapport complet à télécharger !
La peur de la contamination, si elle est présente partout, ne semble pas avoir modifié profondément les images que les personnes ont des différents modes de transport. Ainsi elle ne va pas générer un affaiblissement durable du recours aux transports publics. Par contre, une aspiration forte à réduire sa mobilité liée au travail émerge un peu partout en Europe. Cette aspiration vise aussi à pratiquer des déplacements de meilleure qualité. Dans les pays où l’image des transports publics était déjà dégradée avant la crise, les usagers souhaitent le plus fortement les quitter. Il est donc nécessaire que les collectivités publiques investissent massivement dans les infrastructures de transports publics, au risque sinon, de voir effectivement leur usage baisser au profit d’autres modes et notamment de la voiture.
Les mobilités liées au travail se sont en partie évaporées, voiture et marche ont tiré leur épingle du jeu
La crise a eu pour effet majeur de faire disparaitre plus de la moitié des déplacements réalisés pour le travail. Ceux qui restaient ont fortement privilégié la voiture et la marche pour se rendre sur leur lieu d’emploi et délaissé les transports publics et le vélo. Au niveau des moyennes nationales, le recours au vélo baisse presque partout pour les déplacements pendulaires, avec des exceptions dans les métropoles.
Le recours au vélo a augmenté là où les infrastructures cyclables étaient les plus développées
Nous avons comparé les pratiques des personnes de notre enquête vivant dans trois espaces métropolitains français, la Métropole européenne de Lille, la Métropole de Lyon et l’Eurométropole de Strasbourg. Or, il ressort que l’évolution du recours au vélo pour le motif de déplacement lié au travail est très différente selon les métropoles. Nous voyons que plus l’environnement urbain est favorable au vélo, plus celui-ci a augmenté en part modale pendant la crise. Là où les infrastructures cyclables étaient nettement insuffisantes, la pratique du vélo a chuté.
C’est la voiture qui a récupéré ceux qui n’osaient plus prendre les TP, sauf au cœur des villes où la marche s’est imposée
Parmi les actifs qui ont continué à aller travailler, le recours à la voiture et à la marche a augmenté partout. Le vélo et les transports publics ont, en moyenne nationale, baissé presque partout. Il est pertinent de se demander où sont passés ceux qui utilisaient les transports publics avant la crise et qui ont continué d’aller travailler. En Autriche, en Suisse, en Espagne et en Allemagne, une majorité des usagers des TP qui ont continué à aller travailler sont restés dans les TP. A l’inverse, la Belgique, mais surtout la France et le Luxembourg ont connu un abandon très important des transports publics. 2 usagers des TP sur 3 ont changé de mode en France. En milieu urbain le plus dense, c’est la marche qui l’emporte sur la voiture pour récupérer ceux qui ne prennent plus les TP.
Sorties récréatives autour du domicile : les Espagnols se sont abstenus massivement quand les Suisses et les Luxembourgeois sont sortis plus souvent
Nous avons aussi questionné la pratique des sorties récréatives réalisées à proximité du domicile, à pied ou à vélo. On retrouve une baisse générale de fréquence. C’est en Espagne que la diminution des activités de ce genre a été la plus forte. Nous voyons là la sévérité du régime de confinement prévalant en Espagne. En comparaison, en Suisse, la part de ceux qui n’en font jamais passe de 7% à 16%, de 8% à 36% en France.
Pour l’avenir, une aspiration à moins de déplacement…
En considérant l’ensemble des 7 pays, 1 personne sur 2 aimerait limiter ses déplacements pour le motif travail à l’avenir Ce désir de moins se déplacer est particulièrement élevé en Espagne et au Luxembourg, puisqu’il est partagé par environ 54% des enquêtés de ces deux pays.
…et ceux qui ont une mauvaise image du mode qu’ils utilisent aimeraient surtout en changer
Environ 1 Européens sur 5 aimerait revoir la manière dont il se déplace. Derrière ce chiffre, il y a en fait des différences nationales très fortes. Les Espagnols et les Français sont ceux qui réfléchissent le plus à changer de mode. En moyenne européenne, ce sont les utilisateurs quotidiens des transports publics qui rêvent le plus de changer leur manière de se déplacer (34%) et moins les utilisateurs quotidiens de la voiture (19%). Plus l’image générale des transports publics est mauvaise, plus on veut en changer, cela se voit fortement en France et surtout en Espagne.